Bulletin d'information no 84

Suez, juillet 2013: En signe de protestation, les ouvriers de la métallurgie occupent leur usine. Photo : CTUWS

Deuxième révolution en Egypte

Nouvel espoir pour les syndicats indépendants et la justice sociale

Aujourd’hui encore, les syndicats indépendants sont interdits en Egypte. Depuis plus de soixante ans, les gouvernements successifs contrôlent le mouvement syndical par l’intermédiaire de l’Egyptian Trade Union Federation (ETUF), seule union faîtière autorisée. Le pays a certes ratifié les grandes conventions de l’OIT (liberté syndicale, droit d’organisation et de négociation collective, p. ex.) dans les années 1950 déjà, mais la lutte pour la justice sociale a sans cesse été criminalisée. Depuis les années 1990, le Center for Trade Union & Workers Services (CTUWS), issu du mouvement syndical démocratique de ces années-là, se bat quant à lui pour la liberté syndicale.

La révolution du 25 janvier 2011 a ouvert la possibilité de créer des syndicats indépendants : en un temps record, 1800 syndicats d’entreprises et deux unions syndicales indépendantes (Egyptian Federation of Independent Trade Unions, EFITU, et Egyptian Democratic Labour Congress, EDLC) ont vu le jour, avant même la création des bases légales requises. Le 12 mars 2011, Ahmed El-Borai, ministre de la Main-d’œuvre du gouvernement de transition, avait en effet annoncé l’adoption prochaine d’une loi sur la liberté syndicale.

Avec l’arrivée du gouvernement Morsi, le projet de loi est tombé dans l’oubli. Comme le gouvernement Moubarak auparavant, l’équipe de Mohamed Morsi a au contraire persécuté les représentants de syndicats indépendants et arrêté les grévistes, les faisant condamner à de fortes amendes ou à des peines de prison. De fait, nombre d’entre eux ont perdu leur emploi. Ce sont d’ailleurs les promesses non tenues du gouvernement Morsi qui ont déclenché les protestations massives du 30 juin 2013, puis entraîné la prise du pouvoir par les militaires.

« La deuxième révolution, celle du 30 juin 2013, offre certes une nouvelle chance aux syndicats indépendants d’atteindre leurs objectifs. Mais le pays risque bien de rester soumis à une politique qui fait fi de la justice sociale et de la liberté syndicale », écrit le CTUWS. Voilà pourquoi le centre prévoit de mener, avec l’appui du SOLIFONDS, une campagne de mobilisation en faveur de la liberté syndicale.