Bulletin d'information no 93

Commémoration du massacre de Marikana : près de la colline où les grévistes ont été tués, des dizaines de milliers de mineurs manifestent contre l’oubli et pour la justice. Photo : Reuters / Siphiwe Sibeko

Mines de platine en Afrique du Sud

Massacre de Marikana :  nouvelle étape dans la lutte pour la justice

Lonmin, le troisième producteur de platine du monde, exploite trois mines à Marikana, en Afrique du Sud. Le 16 août 2012, trente-quatre mineurs en grève ont été abattus dans cette localité. Rassemblés sur une colline proche de l’entreprise, ils avaient exigé une hausse des salaires, mais aussi une amélioration de leurs conditions de vie. La société a refusé de négocier avec les grévistes et les forces de police ont été déployées en masse.

Les premiers comptes rendus médiatiques du massacre qui a suivi ont largement

repris la présentation des faits fournie par Lonmin et la police : les policiers se seraient trouvés en situation de légitime défense et auraient tiré sur une bande armée avançant sur eux. La vérité était tout autre et elle a surgi au grand jour lors des auditions de la commission d’enquête dirigée par l’ancien juge Ian Farlam : la plupart des

mineurs tués avaient reçu une balle dans la nuque. Ils ont été abattus alors qu’ils

fuyaient la police.

Le rapport publié récemment par la commission ne comporte pourtant que de rares points positifs : des critiques visant l’intervention de la police et la recommandation de soumettre à une enquête certains fonctionnaires en poste ce jour-là. Les responsables politiques et la société minière Lonmin en sortent complètement blanchis. Les mineurs seraient eux-mêmes responsables du massacre ! Ce sont eux qui doivent faire l’objet d’une enquête pénale. Le rapport n’envisage même pas l’idée d’indemniser financière-

ment les familles des victimes. Loin de faire avancer la justice, ce rapport constitue une grosse déception aux yeux des proches des mineurs assassinés et des grévistes.

Il suscite au contraire une forte résistance dans leurs rangs. Les familles des grévistes tués ont déposé des plaintes en indemnisation contre le gouvernement et envisagent de se retourner aussi contre Lonmin. Toutes les personnes concernées veulent par

ailleurs faire largement connaître ce qui s’est passé durant le massacre et l’absurdité du rapport Farlam.

Par son action de soutien, le SOLIFONDS se solidarise avec les mineurs et les familles des grévistes morts pour demander que justice soit rendue.