Bulletin d'information no 104

Une villageoise revendique le droit de la population à participer aux décisions.

Sud-Ouest du Cameroun : méfaits de l’huile de palme

Plus que jamais, les villages défendent leurs terres !

 

« Avant que le producteur d’huile de palme SGSOC ne débarque, j’avais une ferme, assez d’argent à la fin de l’année et je pouvais envoyer mes enfants à l’école. L’entreprise nous a promis la sécurité et des salaires mensuels. À présent, je suis sans travail et je n’ai plus d’exploitation. Qu’allons-nous devenir ? » Posant à plat les conséquences de la production d’huile de palme, ce petit paysan camerounais s’interroge sur son avenir.
Depuis la nationale goudronnée, il faut compter quatre heures pour se rendre jusqu’à Mundemba, dans la région du Sud-Ouest, non loin de la frontière avec le Nigeria. Couverte de poussière en période sèche, la piste se transforme en ruisseau et est souvent impraticable durant la saison des pluies. Sur des kilomètres, elle longe des palmeraies, mais aussi des hameaux et des villages. S’ils n’ont pas été obligés de laisser la place à la production d’huile de palme, les gens vivent de leurs champs.

Mundemba est entourée de vastes forêts tropicales et les parcs nationaux de la région abritent des espèces animales protégées, que l’on ne trouve qu’ici. La culture des palmiers à huile menace cette nature préservée, pourtant cruciale pour la biodiversité.
Malgré leurs connexions dans les milieux politiques, les producteurs internationaux d’huile de palme ne parviennent toutefois pas à s’étendre à loisir. En 2011, les habitants ont stoppé les bulldozers de la société américaine Herakles Farms, arrivés un beau jour sans crier gare. L’organisation locale SEFE (Struggle to Economize Future Environment) a réuni les représentantes et les représentants des hameaux et des villages pour les informer et entraver les visées industrielles. En novembre 2016, les militants semblaient avoir atteint leur objectif : la concession de Herakles Farms sur près de 20 000 hectares a expiré sans avoir été utilisée.
Le répit ne fut hélas que de courte durée. En avril, on a appris qu’une autre société américaine a repris les activités de Herakles Farms et qu’elle prévoit d’appliquer une nouvelle stratégie afin de convaincre la population du bienfondé de ses intentions. La SEFE a donc entrepris à nouveau d’organiser la résistance pacifique des communes face à ce projet destructeur. Nous la soutenons dans ses efforts.