Bulletin d'information no 102

Des enseignants protestent devant le Ministère de l’éducation . Photo : Egitim Sen

Solidarité avec les syndicats de gauche et prokurdes

La peur et l’insécurité ne briseront pas la résistance en Turquie !

 

Plusieurs tentatives ont été nécessaires pour établir en n la communication avec celui que nous appellerons ici Ahmed. Il y a six mois, Ahmed a été suspendu de son emploi d’enseignant et de directeur d’école et fait aujourd’hui l’objet d’une procédure pénale. Il reste malgré tout très actif au sein du syndicat des enseignants Egitim Sen. Il se montre prudent, car la répression et l’arbitraire règnent en Turquie, tout spécialement au Kurdis- tan du Nord.

Comme nombre de ses collègues, Ahmed a participé à des manifestations paci ques. Une d’entre elles dénonçait l’attentat de juillet 2015 à Suruç, où 33 jeunes ont perdu la vie en témoignant leur solidarité avec Kobané, alors l’objet d’âpres combats. Une autre exigeait l’instauration de la paix dans le Kurdistan du Nord, car l’armée turque avait recommencé, en 2015, à mener des actions violentes dans la région.

Déjà féroce auparavant, la répression contre les syndicats de gauche, tel Egitim Sen, s’est encore intensi ée après la tentative de putsch de 2016. Aux yeux d’Ahmed, cela n’avait rien de surprenant. Des enseignants ont été mutés ou arrêtés. Lui-même a été tellement mal noté par son supérieur, qu’il a perdu son poste de directeur alors qu’il l’occupait depuis neuf ans. Ahmed pense que c’est surtout à cause de son engagement syndical. Le président Erdogan avait quali é les syndicats des employés de la fonction publique comme le ferment des liens entre la gauche et les Kurdes. Egitim Sen ainsi que tous les autres syndicats de gauche et prokurdes sont ainsi devenus une cible à plus d’un titre.

« Des dizaines de milliers de mes collègues sont suspendus, tout comme moi », poursuit Ahmed. Des procédures pénales ont été ouvertes contre eux ou peuvent l’être à tout moment. De plus, toutes les personnes suspendues de leur poste sont certaines d’être licenciées prochainement. Faire régner la peur et l’insécurité vise à briser toute velléité de résistance. Ahmed est donc persuadé que les syndicats de gauche et les forces prokurdes traversent une phase très dif cile. Et il conclut : « Mais nous continuerons à résister et espérons pouvoir compter sur votre solidarité. »